1870-1919 : l’Université entre guerres et révolution industrielle
1870 : l’héritage strasbourgeois
Palais de l'Académie
La guerre franco-prussienne de 1870-1871 ralentit l’enseignement supérieur, du fait de la mobilisation et de l’occupation prussienne, et certains professeurs s’abstiennent de faire cours. Ce n’est qu’en 1873 que les cours de la faculté de Lettres reprennent normalement.
La guerre entraîne l’annexion à l’Empire germanique, de l’Alsace et d’une partie du Nord de la Lorraine. Strasbourg était alors le centre intellectuel le plus influent de l’Est de la France et possédait l’une des trois facultés de Médecine de France. Par conséquent, en 1872, le gouvernement vote le transfert de la faculté de Médecine et de l’école supérieure de Pharmacie de Strasbourg à Nancy. La majorité des enseignants acceptent leur transfert, refusant de devenir allemands. De même, les chaires d’histoire et de littérature de Strasbourg sont transférées à Nancy.
Nancy devient dès lors un grand pôle intellectuel et la seule ville de province dotée de cinq facultés.
Le développement de l’enseignement supérieur
Paul Vidal de la Blache
C’est à cette même période que l’on observe un renouveau des universités.
En 1881, on dénombre à Nancy 500 étudiants (196 en Droit, 148 en Médecine, 68 en Sciences, 64 en Lettres et 53 à l’Ecole Supérieure de Pharmacie) contre sept ou huit par discipline sous le Second Empire. En 1913, il y a 2249 étudiants (945 en Sciences, 491 en Droit, 398 en Lettres, 376 en Médecine, 39 en Pharmacie). Le nombre d’étudiants se trouve renforcé par la présence d’étudiants étrangers de plus en plus nombreux (92 en 1902, 815 en 1912).
Cet engouement pour les études universitaires est surtout dû à une concentration de savants et de moyens. En effet, la Bibliothèque municipale, qui dénombrait 33.582 volumes en 1835, s’est enrichie des 8567 thèses de Strasbourg en 1871.
Le nombre de chaires augmente avec l’annexion de l’Alsace, comme en Lettres où l’on passe de 5 chaires en 1854 à 12 en 1913, par exemple la nouvelle chaire de géographie est confiée à Vidal de la Blache.
Suite au succès de ces cinq facultés, le gouvernement fonde l’Université de Nancy par le décret du 10 juillet 1896, lui reconnaissant une autonomie et une personnalité civile. Cette loi ne crée rien de neuf, elle officialise un état de fait.
La Révolution Industrielle : la création d’instituts spécialisés
Institut de Mathématiques et de Physique
A partir de la fin des années 1870, l’industrialisation de la région de Nancy, avec l’essor minier et sidérurgique du Pays-Haut, pousse les entreprises à encourager la recherche scientifique et la formation des cadres et des ingénieurs.
Plusieurs Instituts sont ouverts successivement: l’Institut chimique en 1887, l’Institut électrotechnique en 1900, l’Institut de Géologie en 1908…
Le Palais de l’Académie a atteint ses limites et ne peut donc pas accueillir ces laboratoires scientifiques : l’Institut de Mathématiques et Physique s’installe près de la porte de la Craffe, et l’Institut Chimique rue Grandville.
C’est le point de départ des grandes écoles. En 1947, ces instituts deviendront, sous l’impulsion de l’Etat, des Ecoles Nationales Supérieures.
Au début du XXème siècle, le développement de la médecine bouleverse la faculté de Médecine, entraînant la création de différents instituts, tels que l’Institut dentaire en 1901 (le premier en France) et l’Institut anatomique. On leur rattache des hôpitaux pour l’enseignement pratique.
L’université de Nancy pendant la Grande Guerre (1914-1918)
A la veille de la Première Guerre Mondiale, l’Université de Nancy est l’une des plus actives de France. Mais la guerre ralentit considérablement la vie intellectuelle, les effectifs universitaires s’effondrent avec la mobilisation des étudiants et des enseignants. Par exemple, à la faculté des Lettres on dénombre 398 étudiants inscrits en 1913, alors qu’ils ne sont plus que 4 en 1917.
Du fait de bombardements sur la ville de Nancy, l’Université ferme ses portes le 11 février 1917. Le 31 octobre 1918, deux bombes incendiaires anéantissent une grande partie de la Bibliothèque Universitaire, détruisant 56 000 volumes sur 113 000, soit près de la moitié.
Les facultés participent à l’effort de guerre, ce qui leur vaudra d’être citées à l’ordre de la Nation :
- les laboratoires de la faculté des Sciences servent pour les analyses de poudre et de gaz ;
- l’école de Pharmacie fabrique des médicaments pour l’armée. Celle-ci changera de statut en 1920 pour devenir faculté de Pharmacie ;
- les professeurs de la faculté de Médecine aident dans les hôpitaux et les étudiants vont au chevet des blessés ;
- certains professeurs des facultés des Lettres et de Droit continuent à dispenser des cours publics qui sont suivis par un auditoire fidèle.
L’armistice du 11 novembre 1918 entraîne le rattachement de l’Alsace-Moselle à la France. Par conséquent, Nancy perd sa position privilégiée, au profit de Strasbourg. Nancy n’est plus le seul pôle universitaire de l’Est de la France.
La première rentrée universitaire, en janvier 1919, se fait au rythme des démobilisations et des libérations.
La reconstruction est lente, l’Université doit reconstituer un corps professoral, mort ou parti enseigner à Strasbourg.
Pour participer à la reconstruction de la région après la guerre, l’Ecole supérieure de la Métallurgie et de l’industrie des Mines est fondée en 1919.
Toutefois, l’essor amorcé après guerre est brusquement stoppé par la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), de nombreux professeurs et étudiants sont mobilisés, ou déportés.